J’ai un bouton

8 janvier 2007 par Gredin

J’ai un bouton. Enorme et rouge, nom de dieu je n’avais rien remarqué. Ca a pas poussé comme ça en pleine nuit quand même, si ? Il devait forcément y être et je ne m’en étais pas aperçu. Sur la poitrine comme ça on fait pas forcément gaffe, avec les vêtements et tout.

Je touche, c’est sensible, j’appuie un peu et le bout est dur. Oh merde, j’espère que c’est pas une tumeur, c’est particulièrement gros pour un bouton normal. Je détaille cette chose dans le miroir, je ne comprends pas comment elle peut faire partie de moi. Merde, faut que je m’enlève ce truc de moi. Je sais, c’est stupide, mais j’essaie de le percer. Ah la vache putain, ça fait mal. Allez, du courage. J’appuie plus fort, avec les ongles, la douleur fulgure, et rien qui sort. Allez, merde !

Non rien à faire, j’ai les larmes aux yeux et les mâchoires serrées, et je n’ai réussi qu’à rendre violacé le bubon ignoble. J’effleure le bout, c’est vraiment sensible, ça fait super mal. Faudrait sûrement que je montre ça à un médecin... Je m’éloigne du miroir, atterré mais à cause de mes tentatives à la con, le bouton irradie de douleur sans discontinuer. Nan, faut que je trouve un truc là, c’est pas possible que je garde cette chose, je ne pourrai plus en détacher mes pensées. Je me reposte devant la glace, refais une tentative désespérée pour faire gicler le pus de la saloperie et c’est horrible, je crois que je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie.

L’aspect marron foncé qui entoure maintenant le bouton me flanque de brusques sursauts de panique dans la gueule. Je halète, je tremble. Je cours vers mon bureau et en revient, armé d’une paire de ciseaux. Fais pas le con, fais pas le con. Faut que ça sorte de moi. Ne fais pas ça ! L’arracher, le supprimer, me purifier de cette chose parasitaire. Chaud la tête. Je dépose les lames tranchantes sur les rebords du bouton, horrifié par mes propres actes. L’acier est glacial contre la zone brûlante de douleur. Et je serre. Explosion blanche.

Du sang qui ruisselle sur ma poitrine, à flots. Non, pas ça. C’est ancré, c’est en moi. Je lâche les ciseaux, qui tintent douloureusement dans le fond de l’évier, le maculant de minuscules tâches écarlates. J’applique mes deux paumes sur l’hémorragie, sur mon pectoral. J’appuie, fort. Je ne veux plus voir ça.

Et merde, je suis trop con, je viens de me trancher un téton.

Gredin