L’arbre qui cache la forêt, ou le contraire...

réflexions sur le viol
31 mai 2007 par claud[e]

Une question simple : comment ce par quoi on nous fait tant de mal peut aussi être ce par et avec quoi on connaît un plaisir intense ? Ou encore : comment ce qui ne nous appartient pas peut nous être pris ? Comment attraper soi même son propre corps ?

Violer. Avoir été violé[e], comme quelque chose de sérieux, comme pour de vrai... Est ce que je sais ce que [ça] fait, moi ? Peut être que je l’ai su, il y 15 ans. Mais maintenant j’ai oublié. Et les séquelles ? Est ce que je sais ce que [ça] fait précisément ? Est ce que c’est vrai que le dégoût de mon corps (trop pour l’amour, assez pour ne pas avoir peur de la prostitution) est le résultat du viol ? Est ce que c’est vrai que le violeur m’a pris mon corps et ne m’a laissé qu’une matrice ? Peut être qu’il est tout simplement correct d’être meurtri[e] quand on fait partie de la communauté souterraine des personnes violé[e]s ? Peut être que je n’aurais pas vieilli différement sans [ça] ? peut être que la difficulté des relations entre moi et mon corps sont apparues bien avant [ça] , ou bien longtemps après ?

Ou Peut être que c’est le viol qui est une chose correcte ?

Peut être que dans nos habitudes séculairement pourries le corps des femmes ne leur appartient pas ? Le problème n’est donc pas le viol, mais la société patriarcale qui nous apprend qu’on est violé[e]s, qui l’accepte et l’encourage, par exemple en nous invitant fermement, par notre honte, à nous taire, à ne pas dévoiler le monstre, ou en ne nous croyant jamais,...Qui nous apprend que le viol n’est pas un viol. Ou que le viol est quotidien de toutes façons.

Une autre question simple : comment ce par quoi on nous fait tant de mal peut aussi être ce par et avec quoi on connaît un plaisir intense ? Ou encore : comment ce qui ne nous appartient pas peut nous être pris ? Comment attraper soi même son propre corps ? Si cette société n’encourageait pas le viol par l’appropriation du corps, alors oui, peut être tout le monde saurait que le viol est mortel, peut être même qu’à force de luttes et de vengeances, on ne pourrait plus se faire agresser ?

On connaît tou[s]tes quelqu’un[e] qui s’est fait violer. On en connaît qui sont crispé[e]s et d’autres qui ont une sexualité débordante et un rapport au corps heureux [malgré ça]. On en connaît qui n’ont pas été violé[e]s et qui ont des complexes terribles et une peur bleue du corps. Alors ? c’est louche...

Le problème n’est pas juste le viol. Le problème est au delà du viol Le problème autorise le viol Le problème organise le viol Le problème est patriarcal et sexiste.

Le patriarcat nous prive de toute possibilité d’autonomie. Le patriarcat prive les femmes du plaisir du corps en répandant en permanence l’idée saugrenue que le corps d’une femme est au service de celui des hommes [pour exemples : Le viol, Les rapports de séduction hétéros omniprésents, Se faire siffler, draguer, suivre, découper par les publicités, L’humour sexiste où jamais la volonté d’une femme n’apparaît ou n’est écoutée, Ce que les medias de tous horizons nous renvoient de la femme épanouie : séductrice jusqu’à ce qu’elle trouve un mari après quoi, elle peut arrêter de vouloir sortir et s’amuser, ou de faire des trucs intéressants, ... Tout ce qui associe pour les hommes bonheur-réussite-reconnaissance-sociale-possession-d’une-voiture-et-d’une-femme-argent-pouvoir-domination et Tout ce qui associe pour les femmes bonheur-sérénité-maternité-reconnaissance-d’un-homme ; etc. tu peux t’amuser à rallonger la liste]

Pour revenir au viol, c’est un mouvement affreux commis dans un chorégraphie bien plus dégueulasse encore. Ce patriarcat nous est inculqué dès le berceau et nous en devenons très vite les vecteurs par nos comportements les plus quotidiens.

Seule la déconstruction et la réponse directe pourront amener la fin d’un régime autoritaire et sanglant qui se passe de dirigeants vu qu’il s’ancre dans des comportements pluriséculaires. C’est d’une lutte intellectuelle et sanglante dont nous avons besoin maintenant.

Que crève le patriarcat.