Petit manifeste pour le plaisir anal, suivi d’exercices faciles pour s’y découvrir soi-même...
À tous les trou-d’culs.
Partout, soit l’on nous ignore, soit l’on nous ignominie. Nos conditions de vie rendent la jouissance impossible ! Y’EN-A-MARRE.
D’unE constipéE à l’autre, notre réputation reste toujours la même : nous sommes la malodorante honte des baiseurs mal lavés, l’égoût infect qu’on se doit de masquer et de taire, l’écoule-merde avilissant du voisin, l’attribut du Diâble et des Homosexuels, l’infamie du corps humain.
Ici, un maman dit : « Touche pas, c’est caca ». Là, un employé serre les fesses devant un patron inquisiteur. Ici, un prof de F.P.S. qui nous apprend que « y’a que par devant que ça se passe », là, Freud qui nous maintient dans un stade inférieur de sous-humain dépossédéEs du plaisir « adulte ». Car on le sait : « être pénétréE, c’est être un inférieurE. Par derrière, c’est contre Nature ». Pour un Homme, c’est devenir une Femme (et l’on sait en quels termes le mâle Occidental a défini la Femme...). Pour une Femme, c’est devenir une Pute (et une Pute, c’est encore pire qu’une Femme, hein ?) Partout, le même refrain : « Ton anus, C’EST MAL ».
AmiEs trou-d’culs, permettons-nous une citation : « Nous devons insister sur ce point, car il est fondamental, si l’on peut dire : la seule véritable difficulté que l’homme éprouve (et souvent la femme aussi) à traiter avec son anus d’égal à égal n’est pas d’ordre physiologique, ni d’ordre physique, mais de nature culturelle et psychologique. Se mettre un doigt dans le derrière, katadaktulidzein, comme disaient les vieux Grecs qui savaient de quoi ils parlaient, est un acte évolutionnaire par lequel on entend quitter l’organisation abrahamique de la société, celle que symbolise un Dieu-père dominateur et violent, pour retrouver une conception toute autre de l’univers, axée sur l’Égalité et le Partage... » -Bruno Boutot, Orgasme au masculin
On nous nie une existence heureuse et égalitaire ! Cette société ne veut pas de nous ! Et bien ! Nous ne voulons pas de cette société. Grève générale ! On bouche tout et on regarde la merde leur monter dans les yeux ! Les fesses avec nous ! Les culottes aux bûchers ! Exigeons la jouissance ! Dans cette société nouvelle, où hommes et femmes ne seront que des trous heureux, nous chanterons en chœur le sonnet d’Amour de Verlaine et de Rimbaud :
Le sonnet du trou du cul
(on attribue les huit premiers vers à Verlaine, et les six derniers à Rimbaud) :
Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encore d’amour qui suit la pente douce
Des fesses blanches jusqu’au bord de l’ourlet
Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous l’autan cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marnes rousses,
Pour s’en aller où la pente les appelait.
Ma bouche s’accoupla souvent à sa ventouse,
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.
C’est l’olive pâmée et la flûte câline,
C’est le tube où descend la céleste praline,
Chanaan féminin dans les moiteurs éclos !
Amies, crions-le bien fort : « L’ANUS AUSSI A DROIT A LA JOUISSANCE ! ». Non mais ! Y’en a marre, de laisser le pouvoir de la pénétration toujours aux mêmes... Rendons-leur les doigts !
EN CE SENS (celui de déflorer les défloreurs, et d’enculer joyeusement l’ordre établi (quoique, attention, si vous suivez bien nos conseils, il y prendra goût, et ça risque de mal tourner...)), nous vous proposons une série d’exercices faciles et (très) agréables afin de découvrir le potentiel érotique de votre anus. On est pas gentilLEs, peut-être ?
Nous ne saurions trop dire aux futurEs étudiantEs que la tâche est moins facile qu’il n’y paraît de prime abord. Ce n’est pas qu’au physique que nous avons le cul serré. Une des barrières immédiates qu’il faudra transgresser, et qui est l’expression première de conflits beaucoup plus profonds, est notre sens du ridicule. Comme il reste étrange que ce soit précisément à cet endroit si méprisé que nous plaçons la dernière redoute de notre dignité ! La tâche est difficile, soit, mais le jeu en vaut la chandelle : à vos outils !
Peu de choses sont nécessaires pour organiser une atelier de découverte de son anus, et elles sont toutes facultatives, quoique fortement recommandées :
Un lubrifiant à base d’eau (pour un aller tout en douceur, et qui se lave facilement...)
Un appareil de lavement (sauf si on est seulE et qu’on a beaucoup de philosophie, mais à deux ou plus, c’est quand même plus agréable quand on est certainE d’être méga-propre) (il est très facile d’être propre sans appareil spécial, mais ça prend une bonne connaissance de son corps pour se laver sans... !)
Un gode (ou tout objet incassable et propre assez petit pour être confortable) (le mieux, c’est encore LES DOIGTS, et c’est gratuit !)
Des objets de toilettes habituels (pour l’hygiène qu’on veut)
De toute première nécessité : se débarasser de cette insurmontable PEUR DE LA MERDE. Il est vrai que l’odeur de celle-ci n’a rien d’engageant, et que son goût est déplaisant principalement car très amer. Nous devons donc (à moins de s’adonner à une fantaisie particulière...) nous débarasser de cette déplaisante réalité, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus, plus du tout, et qu’on puisse enfin se détendre un peu du cul. Première étape ? Aller au toilette... et forcer fort ! Au passage, vous pourrez même faire un premier exercice dont le but principal est de prendre conscience de la vie personnelle du sphincter. Contractez, puis décontractez votre anus, de façon a apprendre à « pousser » sans nécessairement conclure cet exercice par une selle... Vous vous rendrez très vite compte que, si la contraction est aisée (ô ! Civilisation !), la décontraction, elle, ne l’est pas... Cet exercice, marginalement, permet également chez l’homme un certain contrôle de l’éjaculation, puisqu’on peut la retenir en décontractant un peu par derrière, et l’accentuer en suivant les mouvement rythmés de la prostate au moment de la jouissance !
Quand il n’y a plus rien (et qu’on est convaincu de ne pas se chier dessus même si on pousse très, très fort... !), on peut s’assurer de sa propre propreté en faisant un lavement. Le lavement, pour désagréable qu’il puisse paraître lors des premières expériences, peut se révéler une expérience en soi dans la découverte de son corps. Il consiste littéralement à se « laver l’intérieur » à l’aide d’une poire ou d’une douche ayant un faible jet. Comme tout ce qui touche au plaisir anal, il faut un certain temps pour s’y habituer, mais il a un curieuse propriété de devenir addictif, comme une drogue. Et puis, ensuite, nous pouvons en être vraiment certainEs, IL N’Y A PLUS DE MERDE (hourra ! C’est Papa et Maman qui seraient contents !)
Pour le reste du chemin, nos suggestions se limiterons timidement à vous fournir quelques petites indications dans l’immensité potentielle du plaisir que vous découvrez. Nous ne saurions imposer quoi que ce soit, d’autant plus que ce serait ridicule, et nous nous en remettons à votre patience et à vos envies. Il importe peut-être d’utiliser plus de lubrifiant que pas assez, d’être le plus détendu possible (un bain ? Oh oui ! Un bon bain chaud ! C’est que c’est bon, un bon bain chaud... ), de ne pas se gêner pour aller partir son plaisir là où l’on est déjà certainE qu’il est, l’immonde cachotier, avant de le faire dériver dans tout le reste du corps... Plus à propos de son plaisir anal, la position la plus confortable afin de se toucher à petits pas, à notre sens, quoiqu’elle ne soit pas la seule, est d’être sur le dos, les genoux relevés et écartés. Le tout est d’y aller tranquillement, de façon à ne rien brusquer. Nous n’avons pas l’honneur d’avoir à préparer quelque athlète pour une compétition sportive, soit-elle sous l’égide des dieux grecs. On se suffira, d’abord, de son doigt, organe bon à tout faire et qui a su pallier maintes fois de soudaines défaillances sexuelles chez l’homme. Après tout, le sphincter anal est un muscle qui réagit à la force, et qui n’a jamais été préparé à s’ouvrir autant sur le monde ! Une autre position confortable pour la pénétration d’un doigt dans l’anus est debout, les jambes un peu écartées et le torse plié en avant. On peut alterner mouvements de pénétration et mouvements circulaires, sans se presser. Les premières fois, sans doute, on sentira l’anus qui se rebelle mais, peu à peu, il s’assouplira lentement permettant, à chaque fois, une pénétration plus poussée. L’intérieur de l’anus apparaît, sous le doigt, comme un tissu très doux et souple où l’on distingue des plis charnus. On sent très bien le sphincter autour de la base du doigt comme une bague serrée qui s’ouvre à volonté et se referme d’elle-même. Lorsque l’on découvrira la prostate, sous la forme d’un petit renflement raide, on la massera doucement du bout du doigt.
Pour mener à sa complète signification cette expérience, nous suggérons de mener à son terme une masturbation simultanée à l’introduction du doigt dans l’anus. On sentira alors très bien les pulsations de la prostate et le travail du sphincter sur lesquels on pourra jouer, par pression et par massage circulaire, pour augmenter les bienfaits de l’orgasme.
Bon jeu !