lettre à ma mère
mais ça pourrait être la tienne -
qui s’inquiète pour moi car je suis improductive, et panormal-sexuelle
(vraiment envoyée, sur du papier)
chère maman,
merci de m’avoir donné des timbres et la vie.
je tâche d’en faire bon usage, sois en certaine.
la prochaine fois qu’on se verra, au lieu de parler de mon avenir matériel incertain, je serai heureuse que tu me racontes des histoires. de quand j’étais petite, ou alors de quand tu étais petite, comme tu veux et puis comme ça vient.
par exemple, je me demande ce que tu ressens pour tes soeurs. aujourd’hui et puis votre histoire.
personnellement, je ressens de l’amour pour mes soeurs, vraiment. ça ne doit pas se voir comme ça, mais ce sont probablement les deux personnes que j’aime le plus sur cette terre. ce n’est pas pour faire de hiérarchie ou quoi, simplement te dire que tu peux être rassurée : papa et toi avez tout à fait réussi notre éducation. la preuve c’est que toutes les trois on s’aime fort et sans politesse. c’est très rare.
c’est vrai que je ne sais pas trop quoi faire de cet amour, nous sommes comme sur des planètes différentes. n’empêche qu’il y a ce lien et c’est pas rien, ça fait du bien.
aussi je voulais te dire de ne pas trop en mettre sur le dos de klaus-dieter. ce type n’est pas beaucoup plus tordu qu’un autre.
ça m’a juste amenée à m’enfoncer dans un silence à une époque. j’ai mis du temps mais tout est cela est bien fini : aujourd’hui je ne me sens plus coupable de rien. ni de mes choix, ni de mes non-choix, de mes désirs, de ce que je ressens, etc. et j’en parle dès que je peux. peut-être est-ce parce que je sors de la culpabilité que j’ose être "marginale" comme tu dis. c’est à dire moi-même. c’est plutôt une bonne nouvelle quand on voit comme la masse du troupeau se fait chier à jouer son rôle, non ?
voilà. c’est vrai que je me fais un peu de souci pour toi à cause de ton foie inopérable. alors je vais chercher des infos autour de moi sur le foie. (si vous en avez, écrivez moi merci) tout d’un coup en écrivant ça, je me rappelle que je suis née avec une maladie du foie... peut-être est-ce que tu voudrais que je sois ta maman à mon tour ? la tienne est morte. d’ailleurs comment était-elle comme mère ? je peux comprendre que tu ne sache pas ce qui est bon pour toi en ce moment, et que tu es envie de t’en remettre à une maman. malheureusement je n’ai pas de prédisposition à la maternité au quotidien. l’intendance m’emmerde et l’organisation n’en parlons pas. ceci dit, je veux bien te faire grand-mère si tel est ton souhait. je dis ça à tout hasard, des fois que ce soit ton plaisir. par contre faudrait que t’aies envie de t’occuper de ton petit-enfant à 100% niveau technique, parce que comme je t’ai dit, je n’ai pas de prédisposition à être maman. à part mon appareil génital, comme tu sais. enfin bon, comme tu vois, je ne sais pas trop comment transformer mon souci pour toi en action, en autre chose que de la peur-culpabilité. c’est -entre autre- pourquoi j’ai été absente ces temps de convalescence.
de ton coté, si tu veux me faire plaisir, ben fais toi plaisir. fais toi plaisir de toutes les manières que tu trouves. je sais pas, claque ton fric, ose les folies dont tu revais petite, ou ne fais rien si c’est ce qui te plais. mais vis tes rêves toi-même ! fais le pour moi si ça te donne un moteur. c’est la seule manière pour moi de me décrocher sans douleur de tes rêves pour moi. je ne sais pas trop quoi te proposer, à quoi t’inviter concrètement, on ne se connait pas si bien peut-etre. comme dit ma copine crut, "quille veut un bien se fait mal", et ce que je sais c’est que tu as déjà vraiment beaucoup fait pour les autres.
il est grand temps d’être égoiste et de penser à toi.
merci, bisous. ta fille aînée, tsé.