Après avoir reçu la seconde lettre (« rebelle féministe ») où je le mettais violemment en cause, mon copain m’a renvoyé une lettre où il était très affecté.
« (...)
Ca fait 6 heures que j’ai lu ta lettre.
J’ai encore mal au bide.
Et je sais pourquoi.
Difficile. Quand je relis ta lettre, je me dégoûte vraiment. Difficile de te parler, de t’écrire. Je te l’ai dit dans mes premiers retours par mail, je te remercie. Ou plutôt, je salue ton courage, et l’ensemble du travail que tu fais, pour toi, et aussi pour moi en un sens. C’est difficile d’avoir un retour en miroir comme ça. Mais c’est juste. Je pense que ce que tu dis est juste. Je pense aussi que je n’ai pas fini - peut-on jamais avoir fini ?- de réfléchir à pourquoi, comment j’ai était formaté comme ça, pourquoi je suis responsable de choses qui me débecte... facilité ? aveuglement ? mépris de l’autre ? masculinisme ? formatage ? peut-être un peu de tout à la fois, et sûrement plus à la fois.
Pourtant, je voulais te dire, je pense que tu le sais, mais je préfère te le dire, que ce n’est pas ce que je veux être.
L’oppression générale que subissent les femmes est une réalité, que j’ai appris à reconnaître, à identifier, à combattre.
Mais sans comportement individuel, c’est évident que c’est de la merde théorique. Et je me suis comporté comme une merde.
Je crois que tout à l’heure, je n’aurais pas été capable de te regarder dans les yeux mon amour.
Les larmes montent.. Quand j’y repense.. Je t’ai fait souffrir physiquement, psychiquement et moralement. Je ne sais si des excuses peuvent être permises, mais je souhaite les formuler. Je le ferais physiquement. Quand nous nous reverrons.
Je tiens à te dire, encore, que je souhaite continuer avec toi à évoluer, à ne pas rester une merde sexisante. Je ne cherche pas à me plaindre. Je ne cherche pas à fuir mes responsabilités. Je ne veux pas ÊTRE ce que je pourrais être. Ce que j’ai pu être. Je crois qu’on peut changer, et je suis persuadé qu’avec toi, qu’ensemble c’est possible. Je ne pense pas être très cohérent, mais j’avais besoin de t’écrire.
J’aimerais te voir. J’aimerais te sentir. J’aimerais te goûter. J’aimerais te toucher. J’aimerais t’entendre.
Je ne peux que penser. »
— -
Nous nous sommes revus quelques mois plus tard. Il n’y a eu aucune excuse. La vie avait avancé : il avait rencontré quelqu’une d’autre. Cet élément - nous avions convenu d’une relation non-exclusive - a pris toute la place. Il n’a pas fui ses responsabilités. Il est simplement parti. Moi, je suis restée seule. Avec mon amertume. Parce que moi, j’attendais ses excuses. Je les attends toujours.