Des inégalités constamment niées

20 juin 2005 par  Aude , Sylvia

Être féministe aujourd’hui, c’est de l’ « archéologie » (sic) : « ça n’a plus de sens, vous l’avez l’égalité, vous voulez maintenant mettre à mal notre identité masculine ». C’est ce que nous disent beaucoup d’hommes, certains nous parlent même de la supériorité des femmes, capables de donner la vie. Regardons cette égalité de plus près.
En France 80 % des pauvres sont des femmes, alors que celles-ci représentent 49 % de la population générale. Alors que la loi proclame « à travail égal, salaire égal », elles gagnent encore 20% de moins que les hommes à temps de travail égal. De plus, elles représentent la majorité des personnes travaillant à temps partiel (80%), plus souvent contraint que choisi.
D’autre part, quand on parle du chômage par catégories (âge, diplôme, catégorie sociale), on ne fait que rarement mention du chômage plus important des femmes. Encore une fois une inégalité de genre est masquée : le rapport de domination à l’origine de l’exclusion des femmes du marché du travail, ainsi invisibilisé, est nié.
Enfin, à la maison, les femmes travaillent davantage que les hommes, pendant que la part du travail domestique masculin augmente de 10% tous les dix ans.
Et elles sont les victimes privilégiées des violences sexuelles : le viol est toujours commis par un homme, et le plus souvent contre des femmes. De plus, 6 femmes meurent chaque mois sous les coups de leur compagnon, et lors de l’enquête ENVEF, une femme sur dix a déclaré avoir subi des violences (de quelque ordre qu’elles soient) dans les 12 mois précédant l’enquête.
Et on pourrait en rajouter ! Alors il semble qu’il y ait encore du travail avant d’arriver à l’égalité... Je ne crois pas que le féminisme soit dépassé, au contraire il est plus que jamais d’actualité. D’ailleurs, plus j’en apprends, plus je suis persuadée que notre combat est juste et légitime.
Être féministe, c’est donc garder un œil sur les inégalités de tout ordre, non plus seulement sur celles entre hommes et femmes, mais aussi entre riches et pauvres, Européens et sans papiers, etc. Je ne suis pas féministe pour demander des avantages sur les hommes, je le suis parce que ça me semble être le lieu idéal pour combattre une société inégalitaire.