un clavier des velux 5h56 toi paris
tu dors et te surprends toi-même de succomber face à cet autre qui ne dort toujours pas
ton sommeil ignore bien combien de fois le mien me fuit et me fait rester éveillée en pleine nuit
et pourtant je suis crevée
je cherche même plus à comprendre, résignée à ces éventualités qui me lacèrent le bide
je te regarde mais pour combien de temps encore ? combien de temps vas-tu tenir insatisfaite de moi et de ce -nous- que tu ne veux même pas entendre ? coincée entre ta crainte de ce que je ressens et mon désir impatient de te le brandir devant la gueule pour mettre fin à toutes ces incertitudes sur toi, mon désir de toi, ta confiance, ma confiance en toi...
je balance entre tout te hurler en dépassant ce putain de manque de
confiance en moi ou me taire gentiment pour ne pas t’écraser de ce trop plein d’affection que je concentre sous ma peau et qui t’effraie d’avance
ça y est le jour s’est foutu sur ton pieu
tu dors dans la pagaille des fringues
paracétamol codéiné merck
comprimés effervescents sécables
ce bout d’écran ne ressemble à rien
et c’est maintenant que je sens mes pores se détendre
ma peau s’écarter
mon souffle s’étouffer
et pourtant je ne suis pas plus légère
plus initiatrice
plus expressive
packard bell de travers plutôt à la verticale
juste plus détendue à l’intérieur de moi-même bien que cela reste cependant invisible à la surface
je trouve un terrain de jeux pour tout ce truc musculo-graisseux-osseux
que je traîne, avec l’accompagnatrice que tu es, je découvre comme une putain d’adolescente tous ces endroits, toutes ces postures, tous ces moments, que j’avais volontairement interdits à ces -sextoys vivants- dans l’espoir qu’un jour peut-être je puisse rester intacte et propre/vierge pour une jeune fille dépressive à la peau blanche transparente
filter cigarettes
toi
ton cul de lanceur de javelot
d’athlète des jeux olympiques sur cette pelouse impeccablement taillée
toi
dans l’entrebaillement de la porte à grenoble
droite
ton bras et toute la fumée qui se dégage de tes paroles
tes yeux écarquillés la nuit qui me regardent inquisiteurs
sombres
noirs
et grands ouverts
toi
tes bras dessinés
et tes mains avec ces veines qui en débordent
comme si sous ta peau tout circulait trop vite trop fort
alors tes veines jaillisent pour montrer cette impatience ce trop plein
et ton visage qui me décompose tellement que ce qui en ressort est troublant
je passerais bien encore quelques nuits collée à tes draps
en boule
je sens la fatigue qui se ramène
t’as la tête enfoncée dans une couverture blanche
bla bla bla
je t’embrasse
très affectueusement