À la « boîte de baise », non, c’est non

Et pas besoin de le répéter
21 septembre 2011 par  Tchak

Du temps de ma folle jeunesse, j’ai fréquenté une ou deux fois ce qu’on pourrait appeler une « boîte de baise », un endroit réservé aux gays, aux lesbiennes, aux bi, aux hétéros (ainsi qu’aux femmes à queue et à ceusses qui aiment se faire mettre par elles), bref un endroit d’une grande liberté où régnaient cependant (justement ?) quelques règles.

La première étant qu’il était interdit de passer outre le refus de l’objet de ses désirs. Le moindre geste de refus, la moindre esquisse de geste de refus, un mouvement subtil de la main que j’aurais eu du mal à remarquer sans mes lunettes, était compris comme un « non » ferme. Deux doigts qui se lèvent de trois centimètres, et le verdict était inébranlable.
Quelle différence avec l’énergie qu’il faut mobiliser, dans des lieux pourtant au-dessus de tout soupçon, pour expliquer à un dragueur que non, ce n’est pas parce que je suis dans la rue que je suis une pute gratuite qui peut être sollicitée au gré des désirs de monsieur [1], pour expliquer que je suis venue boire un coup avec des copines et que j’ai bien l’intention de passer la soirée avec elles et pas dans les chiottes du bistrot à sucer des bites.
Quand on me parle du violent torrent du désir masculin, quand on me dit qu’il est quasi-inhumain d’arrêter la machine une fois enclenchée, quand on me parle de nécessités biologiques qui empêchent d’être véritablement à l’écoute de l’autre (« ah tu disais non ? J’ai pas compris, c’est pas un viol c’est un souci de communication »), j’ai du mal à croire à la naturalité ou à l’universalité de ce genre de comportement [2]. Parce que quand les règles du jeu sont claires, quand tu risques de te faire lourder du « jardin d’Eden de la baise » au moindre geste déplacé, bizarrement tu piges bien mieux.

Notes

[1] J’ai déjà expliqué ici et ici aussi à quel point ce genre de comportement me débectait.

[2] Sur cette imagerie du non « mal compris », voir ici.